samedi 18 janvier 2014

PSYCHE ... Comédie Française ****~

Un hymne à l’amour fantasque ...




Par Philippe Chevilley http://www.lesechos.fr/culture-loisirs/sorties

Dérouté, puis accroché et séduit au final : cette « Psyché » free-style au Français nous a mis dans un drôle d’état ! La pièce écrite à la va-vite par Molière (avec l’aide de Corneille) en 1671 pour inaugurer la nouvelle salle des machines du palais des Tuileries est un pudding à la mode antique, avec une distribution pléthorique – une fantaisie baroque chantée et dansée, narrant les amours de Psyché et du dieu Amour sous l’œil jaloux de Vénus. Bref, un texte « inmontable », sauf à l’élaguer et à le détourner.

Style Broadway-cabaret
Vaillant soldat de la Comédie-Française, actrice talentueuse amoureuse des beaux textes et du beau chant, Véronique Vella a entrepris la lourde tâche de remettre « Psyché » au goût du jour, salle Richelieu. Elle l’a bien raccourcie (2 h 15 au lieu de 5 heures) et a volontairement tourné le dos aux ors du Roi-Soleil... le spectacle est comme un « work in progress » : les dieux-comédiens jaillissent de dessous la scène et des cintres, s’approprient les machines, se fondent dans des décors de bric et de broc. Exit Lully et son orchestre. C’est Vincent Leterme, un habitué des lieux, qui donne le « la », mixant les style Broadway, cabaret et pop. Elliot Jenicot, pensionnaire du Français, règle les ballets façon modern-style acrobatique...


Au début, on s’agace : l’esthétique du spectacle signée Dominique Schmitt est trop disparate, le jeu des deux vilaines sœurs de Psyché (Coraly Zahonero et Jennifer Decker) est un brin outré, les comédiens s’agitent beaucoup. Mais, à la longue, s’installe une transe noire, qui prend son sens avec l’enlèvement de Psyché par Cupidon. Les amours interdites de la mortelle et du dieu virent au conte fantastique. Françoise Gillard impose sa virtuosité et sa grâce dans le rôle de Psyché – divine avant même que Jupiter (Claude Mathieu) la change en déesse. Benjamin Jungers est un tendre Amour, candide et rebelle... Sylvia Bergé (Vénus) campe une (belle-) mère d’enfer, mi-Walkyrie, mi-Cruella.

Les joutes amoureuses parlées-chantées- dansées dans le palais céleste, puis la descente tragique aux Enfers sur fond de rideau incandescent font décoller le spectacle – qui atteindrait les sommets de l’Olympe, sans les parasites de micros capricieux... Qu’à cela ne tienne ! On est conquis au final par cet hymne à l’amour fantasque. Véronique Vella sait maîtriser l’espace et invente un univers très singulier. « Psyché », le « musical », nous ensorcelle à l’arraché. Bousculé, relooké, Molière plie, mais ne rompt pas.

> DOSSIER DU PROGRAMME Psyché


PSYCHÉ de Molière Mise en scène de Véronique Vella. A Paris - Comédie-Française (0825 10 16 80), jusqu’au 4 mars en altenance, Durée : 2 h 15.

vendredi 17 janvier 2014

NOCES VEGETALES ... Jardin des Plantes ****~

TZURI GUETA, un créateur dans les grandes serres du jardin des Plantes, Paris


affiche noces vegetalesDu 21 novembre 2013 au 2 février 2014, la Fondation Ateliers d’Art de France et le Muséum national d’Histoire naturelle présentent Noces Végétales, la première exposition parisienne du créateur Tzuri Gueta, au coeur des Grandes Serres du Jardin des Plantes.
Utilisant une matière naturelle issue du silicium associée au textile pour créer des oeuvres d’inspiration organique, Tzuri Gueta sublime une nature protégée et contrôlée en proposant un parcours dans les Grandes Serres à la fois réel et rêvé, empreint de symboles. Le monde végétal se découvre autrement, à travers l’oeil du créateur, passé sous le spectre de la modernité, de l’imaginaire, de l’engouement créatif.
Désigné lauréat du Prix Le créateur de la Fondation Ateliers d’Art de France, Tzuri Gueta s’est vu offrir la possibilité de présenter son travail sous une forme exceptionnelle dans un lieu choisi pour sa singularité et les résonances entretenues avec ses propres créations.
Inventeur d’une technique unique et brevetée de « dentelle siliconée », Tzuri Gueta révèle depuis plus de quinze ans à travers ses textiles, ses parures et ses mises en scène un univers résolument organique, végétal ou géologique qui ne demandait qu’à s’épanouir dans un lieu dédié à la nature. Avec le soutien financier et logistique de la Fondation Ateliers d’Art de France, Tzuri Gueta a choisi de présenter son exposition Noces Végétales à Paris, dans les Grandes Serres du Jardin des Plantes, et plus particulièrement dans la serre des forêts tropicales humides.

C’est dans ce cadre majestueux que Noces Végétales déroule pour le visiteur un parcours initiatique dans les rites et les symboles du mariage. Les noces que l’on célèbre ici sont celles qui associent dans un troublant mimétisme la dentelle siliconée et les végétaux abrités par la serre. Un rideau de gouttes déployé comme un dais, des fourreaux de dentelle épousant des troncs d’arbre au plus près de l’écorce ou des extensions de silicone prolongeant une branche mêlent leurs silhouettes organiques à la flore exubérante de la serre. Où se situe la limite entre le végétal et sa prothèse de silicone ? Entre le vrai et le faux ? Les créations simili-végétales de Tzuri Gueta collaborent avec le lieu, créent un dialogue avec les plantes. Elles prennent vie au sein de la serre et évoluent au fil des jours, suivant le rythme de la végétation. La serre devient un terrain de jeu pour un créateur qui sait entretenir la confusion entre les matières.

Noces Végétales est une expérience visuelle et sensorielle propre à perturber le visiteur qui imaginait admirer une multitude de plantes. En s’immergeant dans le silence d’une végétation en trompe-l’oeil qui bouscule ses perceptions, il est invité à découvrir la nature autrement, à travers le regard d’un artiste qui s’approprie à loisir le rôle de « Créateur ».



> DOSSIER DE PRESSE Noces Végétales

Informations pratiques
Exposition du 21 novembre 2013 au 2 février 2014
Grandes Serres du Jardin des Plantes
57 rue Cuvier – 75005 Paris
Ouverture tous les jours sauf le mardi de 10h à 17h
Entrée : 6 € / 4 €

mardi 14 janvier 2014

LOVE LETTERS ... Théâtre Antoine *****

Jusqu'au 15 janvier, après des prolongations en raison du succès, Anouk Aimée et Gérard Depardieu triomphent chaque soir en amoureux épistolaire sur la scène du théâtre Antoine, sur les grands boulevards, dans "Love Letters", pièce américaine de Albert Ramsdell Gurney.

Succès international, "Love Letters", une suite de lectures sans décors, a été traduite dans une trentaine de langues. Elle a été jouée en France des centaines de fois par Anouk Aimée (81 ans), avec des partenaires différents: Bruno Cremer, Jean-Louis Trintignant, Philippe Noiret, Jacques Weber et Alain Delon.

A 64 ans, Gérard Depardieu qui n'est pas monté sur une scène parisienne depuis 2004, reprend le rôle de Andy. Anouk Aimée incarne Mélissa. Tout au long de leur vie, les deux uniques personnages se sont aimés de loin, par correspondance, sans jamais pouvoir être ensemble. Le destin, la vie, les rencontres les ont rapprochés puis éloignés, mais jamais ils n'ont cessé de s'écrire.
Avec une diction parfaite et une interprétation irréprochable, Gérard Depardieu, costume noir, chemise blanche ouverte, et Anouk Aimée, robe rouge, lisent assis à égale distance d'une longue table de style japonisant. Dès les premiers échanges, la salle est captivée par les deux comédiens, très émouvants.

Le public frissonne, rit, s'émeut et peut même essuyer une larme en découvrant la belle relation amoureuse épistolaire des héros pendant toute une vie, de l'amitié de l'enfance, jusqu'à la passion, avant le grand âge, le tout révélant la complexité des sentiments, d'autant plus platoniques.

vendredi 10 janvier 2014

HAPPY SHOW ... Gaîté Lyrique ****~

The Happy Show : un ticket pour le bonheur
LE MONDE | 14.01.2014 à 11h17 |

"Happy Show", du grafiste Stefan Sagmeister est un parcours d'une heure trente, mêlant vidéos, installations, photographies et autres curiosités.



Un antidote à la morosité et au pessimisme. Le « Happy Show » que présente Stefan Sagmeister à la Gaîté-Lyrique (Paris 3e) pourrait bien doper le moral de tous les Français, qu'on dit les plus pessimistes parmi les peuples d'Europe, selon une étude Insee de mars 2013.

Prendre un ticket dans ce lieu voué jadis à l'opérette et transformé, depuis 2011, en temple des arts numériques et musiques actuelles, ne vous coûtera guère que 5 ou 7 euros, au plus. Ce qui n'est pas grand-chose pour profiter d'une heure trente de bonheur (durée estimée de l'exposition). Ou plus exactement, pourexplorer ce pays où le bonheur pourrait être le roi absolu. Et où chacun de nous pourrait en porter la couronne ! L'exposition vous permettra d'apprivoiser les diverses manières d'y parvenir, de reconnaître les émotions positives qui nous y conduisent et celles qui nous en éloignent. Et d'en rire aussi. Surtout.


"Happy Show", du grafiste Stefan Sagmeister mêle vidéos, installations, photographies et autres curiosités.



Sur place, pas de spectacle comique. Pas non plus de performance d'un psychologue « gourou » qui convierait ses concitoyens à une séance collective de thérapie comportementale. « The Happy Show » est une exposition interactive et participative à laquelle nous invite un graphiste. Le nom de Stefan Sagmeister ne vous dit peut-être rien.

Cet artiste autrichien, New-Yorkais d'adoption, né en 1962, diplômé de l'université des arts appliqués de Vienne, est une star dans sa catégorie. Aux côtés des pop stars, tels les Rolling Stones, Lou Reed, David Byrne ou les Talking Heads, dont il a dessiné des pochettes d'albums et affiches devenues célébrissimes. En particulier le lion stylisé de l'album Bridges to Babylon, des Rolling Stones, le design des boîtes de l'album de David Byrne et Brian Eno, Everything that Happens, en 2009, et la fameuse pochette, en 1996, de Set the Twilight Reeling, un album de Lou Reed, sur laquelle il a calligraphié le visage du rocker, mort le 27 octobre 2013.

Pourquoi le bonheur, demande-t-on à l'artiste, enfant terrible du design graphique, qui s'est plus souvent distingué par une certaine irrévérence ? « J'ai toujours puisé mon inspiration dans les événements que j'ai vécus et les émotions que j'ai ressenties. Je suis comme tout le monde, je crois, avec mes obsessions, mes désirs, mes blocages et mes peurs, à la recherche du bonheur. »


"Happy Show", du grafiste Stefan Sagmeister est un parcours d'une heure trente, mêlant vidéos, installations, photographies et autres curiosités.


Mais de là à bâtir une exposition autour de cette quête (et à s'engager dans un projet de film sur ce même thème, qu'il mène depuis plus de quatre ans et dont quelques extraits sont projetés dans le parcours de l'exposition), il y a un pas, que Stefan Sagmeister franchit avec une belle dose d'inventivité et d'innocence.

Invité à poser son « Happy Show » à Paris au terme d'une tournée nord-américaine, il ne cache pas sa joie de faire partager au public français ses expériences et pérégrinations. « J'écris sur le bonheur depuis toujours, dit-il. Depuis dix ans, je récolte maximes et préceptes que je tente d'appliquer dans ma vie et afficher aussi dans mes projets personnels et travaux graphiques. »

Ces messages, aphorismes et autres pensées, tous les murs de la Gaîté-Lyrique, des salles aux escaliers en passant par les toilettes, s'en font l'écho, dans une scénographie joyeuse, qui utilise essentiellement le jaune pour les cimaises et le noir pour les cartels. Deux couleurs emblématiques de la banane, le fruit sourireque Sagmeister affectionne dans ses créations. Quant aux textes écrits en français et en anglais, dessinés au feutre noir de la main de l'artiste, ils décoiffent. D'un second degré drolatiquement décalé et naïf, ses réflexions adressent un pied de nez malicieux à tous les marchands de pessimisme et autres « bonnets de nuit ».

Prenez une carte dans un distributeur. Si vous êtes perdu dans votre quête du bonheur, elle vous donnera au moins une mission à accomplir au cours de l'exposition. Par exemple, celle de rire comme un fou pendant quelques minutes… Plus loin, des piles de morceaux de sucre formant un message rougissent quand vous leur souriez. Là, le bonheur étant supposé être un muscle, vous enfourchez un vélo posé sur une estrade au milieu d'une salle obscure et pédalez pouraccéder à votre indice de satisfaction, qui s'affiche sur un écran lumineux.


"Happy Show", du grafiste Stefan Sagmeister est un parcours d'une heure trente, mêlant vidéos, installations, photographies et autres curiosités.


Ailleurs, des fresques de statistiques mesurent votre prédisposition au bonheur, selon que vous soyez homme, femme, jeune, vieux, en couple ou célibataire. On vous propose même de mâcher un chewing-gum pour estimer où vous en êtes sur l'échelle de la mélodie du bonheur ! Tout est à l'avenant : vidéos, photographies, journaux intimes… Il y a aussi des bonbons, des bambous, des bananes, du café et des fleurs. Et des interrogations sur la méditation, les drogueset la thérapie cognitive…

Mais attention, ne vous attendez pas à ce que cette exposition déroutante, décalée et caustique vous rende forcément heureux, prévient l'artiste. « Je vous dis ça pour que vos attentes soient moindres. S'attendre à moins est une bonne stratégie. » Bref, n'attendez pas de miracles. Les ballons de l'affiche, symbole de la fête s'il en est, ne disent pas autre chose. Le bonheur, il faut des efforts pour l'attraper et il est éphémère… N'empêche, Stefan Sagmeister et la Gaîté-Lyrique se mettent en quatre pour le mettre à votre portée. Avec un programme riche de conférences (sérieuses), projections, installations, ateliers d'activités diverses et variées pour tous. Ce serait vraiment dommage de ne pas en profiter.

"Happy Show", du grafiste Stefan Sagmeister est un parcours d'une heure trente, mêlant vidéos, installations, photographies et autres curiosités.



The Happy Show. La Gaîté-Lyrique, 3 bis, rue Papin, Paris 3e. Du mardi au dimanche à partir de 14 heures (le mardi jusqu'à 22 heures, du mercredi au samedi jusqu'à 20 heures et le dimanche jusqu'à 18 heures). Jusqu'au 9 mars. Site : Gaite-lyrique.net

samedi 4 janvier 2014

BIENNALE DE LYON ... La Sucrière ***~~



La Sucrière est un entrepôt industriel des années 30, maintenant réhabilité, formant un immense espace d'exposition sur trois niveaux, à la pointe de ce nouveau quartier de la Confluence, avec son effervescence architecturale. Des bâtiments plus inventifs les uns que les autres, certains osant la dentelle de métal, pour l'un, vert pomme, pour l'autre, orange claquant. Mais ce sont tous des bâtiments bas - pas de tours! - bien séparés les uns des autres, une darse a été aménagée comme un plan d'eau et, de l'autre côté de la Saône, les collines sont verdoyantes.



DEMARRONS LA VISITE !

Tiens, Petra Cortright nous plonge dans le monde merveilleux des dessins animés de contes de fées. Ouh! Mais c'est que dans ce monde il y a de bien vilaines dames en très petite tenue. Qui font de vilaines choses, de façon aléatoire. Ah, les contes de fées ne sont plus ce qu'ils étaient.... alors dans ces photos, j'ai zappé les vilaines dames qui gâchaient le paysage ... mince sauf une ;-)



Tavares Strachannous rappelle en 6 étapes la vie de Sally Ride, cosmonaute américaine bien oubliée (on a tout fait pour, car elle était homo.... et avait paraît-il un caractère de cochon)




Fabrice Hyber est un artiste protéiforme, au milieu de son monde on rentre dans une petite boîte magique, démultipliée par des miroirs, une forêt automnale peuplée de petits hommes verts. Onirique ... et rafraîchissant, finalement !




























Ah, voici une dénonciation en bonne et due forme de l'art classique. The Bruce High Quality Foundation propose une interprétation de "Psyché ranimée par le baiser de l'amour" de Canova; en polystyrène grossièrement équarri, et en plus - elle bouge....son socle se gonfle et se dégonfle régulièrement.




Yang Zhen Zhong dénonce, lui, l'ordre féroce qui règne en Chine, avec cette perspective de la place Tien An Men. Vous regardez dans une petite fenêtre et vous voyez quoi? La tête de Mao. Pas possible....






La serbe Aleksandra Domanovic "travaille sur le temps" en imprimant ses images, non sur une feuille, mais sur le côté d'un empilement de rames de papier...



La démarche de deux artistes m'a particulièrement touchée. 

Celle de l'Islandaise Gabriela Fridriksdottir, pleine de poésie. C'est une sphère, échouée sur le sable, avec d'autres éléments, bouteilles de verre....., amenés par on ne sait trop quelle marée cosmique. . Des projections lumineuses, légères et chatoyantes se reflètent sur le sable. On est dans une demi obscurité, avec un environnement musical. On y est bien.



L'autre pièce est due au collectif chinois Madein Company. Une cinquantaine de vitrines rassemblent des objets: photos, symboles sur le thème de la gestuelle religieuse. .... sous le signe de positions de yoga. Faut prendre en note le nom des différents mudras!! Il y a de quoi apprendre. Ce geste de baiser le sol, cher à un de nos anciens papes, on le revoit dans de nombreuses situations.... et quant à l'invocation, les bras levés, c'est aussi la osition de l'adorable Maneki Neko, le petit chat japonais porte chance. D'une religion à une autre, les gestuelles d'offrande, d'adoration, d'humilité se retrouvent...



Merci à l'oeil du Chat ... on a eu les mêmes coups de coeur ;-)

Pour finir, coup de coeur sur les multiples escaliers de la Sucrière ... l'un de ces superbes escaliers ne s'y trouve pas ... quel est l'intrus ?