Fille de Minos et de Pasiphaé, Phèdre lutte en vain contre la passion qu’elle éprouve pour Hippolyte, le fils de Thésée dont elle est l’épouse. Épuisée et culpabilisée par ses sentiments qu’elle ne contrôle pas, elle cherche par tous les moyens à l’éloigner d’elle. Ce beau-fils, adulé et rejeté, a l’intention de quitter Trézène pour partir à la recherche de son père disparu pendant la guerre de Troie, fuyant aussi par là son propre amour pour Aricie, soeur des Pallantides, clan ennemi. La mort que Phèdre implore pour expurger son crime sera retardée par l’annonce du retour de Thésée, après qu’elle a dévoilé ses sentiments à Hippolyte. Maudissant son fils qui l’aurait outragé, Thésée apprend trop tard son innocence – de la bouche même de Phèdre qui meurt à ses pieds.
de Jean Racine mise en scène Mickael Marmarinos
avec Cécile Brune : Panope, femme de la suite de Phèdre; Éric Génovèse : Théramène, gouverneur d’Hippolyte; Clotilde de Bayser : Œnone, nourrice et confidente de Phèdre; Elsa Lepoivre : Phèdre, femme de Thésée, fille de Minos et de Pasiphaé; Pierre Niney : Hippolyte, fils de Thésée et d’Antiope, reine des Amazones; Jennifer Decker : Aricie, princesse du sang royal d’Athènes; Samuel Labarthe : Thésée, fils d’Egée, roi d’Athènes
Pierre Niney, (Hippolyte), relève de bout en bout le défi de cette pièce énigmatique : il garde, sous le verni et la dignité de son rang, la fougue naturelle, la liberté farouche qui convient au fils de la reine des Amazones. Digne fils de héros il ne se laisse pas démonter ni aller à des compromissions.
Œnone
Que faites-vous, Madame ? Et quel mortel ennui
Contre tout votre sang vous anime aujourd’hui ?
Phèdre
Puisque Vénus le veut, de ce sang déplorable
Je péris la dernière et la plus misérable.
Œnone
Aimez-vous ?
Phèdre
De l’amour j’ai toutes les fureurs.
Œnone
Pour qui ?
Phèdre
Tu vas ouïr le comble des horreurs.
J’aime… à ce nom fatal, je tremble, je frissonne.
J’aime…
Œnone
Qui ?
Phèdre
Tu connais ce Fils de l’Amazone,
Ce Prince si longtemps par moi-même opprimé ?
Œnone
Hippolyte ? Grands Dieux !
Phèdre
C’est toi qui l’as nommé !
Œnone
Juste ciel ! Tout mon sang dans mes veines se glace !
Ô désespoir ! Ô crime ! Ô déplorable race !
Voyage infortuné ! Rivage malheureux,
Fallait-il approcher de tes bords dangereux ?
Phèdre
Mon mal vient de plus loin. À peine au fils d’Égée
Sous les lois de l’hymen je m’étais engagée,
Mon repos, mon bonheur semblait être affermi,
Athènes me montra mon superbe ennemi.
Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;
Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;
Je sentis tout mon corps, et transir et brûler.
Je reconnus Vénus et ses feux redoutables,
D’un sang qu’elle poursuit tourments inévitables.
Par des vœux assidus je crus les détourner :
Je lui bâtis un temple, et pris soin de l’orner ;
De victimes moi-même à toute heure entourée,
Je cherchais dans leurs flancs ma raison égarée.
D’un incurable amour remèdes impuissants !
En vain sur les autels ma main brûlait l’encens :
Quand ma bouche implorait le nom de la déesse,
J’adorais Hippolyte, et le voyant sans cesse,
Même au pied des autels que je faisais fumer.
J’offrais tout à ce dieu, que je n’osais nommer.
Je l’évitais partout. Ô comble de misère !
Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son père.
Contre moi-même enfin j’osai me révolter :
J’excitai mon courage à le persécuter.
Pour bannir l’ennemi dont j’étais idolâtre,
J’affectai les chagrins d’une injuste marâtre ;
Je pressai son exil, et mes cris éternels
L’arrachèrent du sein, et des bras paternels.
Je respirais, Œnone. Et depuis son absence,
Mes jours moins agités coulaient dans l’innocence ;
Soumise à mon époux, et cachant mes ennuis,
De son fatal hymen je cultivais les fruits.
Vaines précautions ! Cruelle destinée !
Par mon époux lui-même à Trézène amenée,
J’ai revu l’Ennemi que j’avais éloigné :
Ma blessure trop vive aussitôt a saigné.
Ce n’est plus une ardeur dans mes veines cachée :
C’est Vénus toute entière à sa proie attachée
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de Jean Racine mise en scène Mickael Marmarinos
avec Cécile Brune : Panope, femme de la suite de Phèdre; Éric Génovèse : Théramène, gouverneur d’Hippolyte; Clotilde de Bayser : Œnone, nourrice et confidente de Phèdre; Elsa Lepoivre : Phèdre, femme de Thésée, fille de Minos et de Pasiphaé; Pierre Niney : Hippolyte, fils de Thésée et d’Antiope, reine des Amazones; Jennifer Decker : Aricie, princesse du sang royal d’Athènes; Samuel Labarthe : Thésée, fils d’Egée, roi d’Athènes
Pierre Niney, (Hippolyte), relève de bout en bout le défi de cette pièce énigmatique : il garde, sous le verni et la dignité de son rang, la fougue naturelle, la liberté farouche qui convient au fils de la reine des Amazones. Digne fils de héros il ne se laisse pas démonter ni aller à des compromissions.
Œnone
Que faites-vous, Madame ? Et quel mortel ennui
Contre tout votre sang vous anime aujourd’hui ?
Phèdre
Puisque Vénus le veut, de ce sang déplorable
Je péris la dernière et la plus misérable.
Œnone
Aimez-vous ?
Phèdre
De l’amour j’ai toutes les fureurs.
Œnone
Pour qui ?
Phèdre
Tu vas ouïr le comble des horreurs.
J’aime… à ce nom fatal, je tremble, je frissonne.
J’aime…
Œnone
Qui ?
Phèdre
Tu connais ce Fils de l’Amazone,
Ce Prince si longtemps par moi-même opprimé ?
Œnone
Hippolyte ? Grands Dieux !
Phèdre
C’est toi qui l’as nommé !
Œnone
Juste ciel ! Tout mon sang dans mes veines se glace !
Ô désespoir ! Ô crime ! Ô déplorable race !
Voyage infortuné ! Rivage malheureux,
Fallait-il approcher de tes bords dangereux ?
Phèdre
Mon mal vient de plus loin. À peine au fils d’Égée
Sous les lois de l’hymen je m’étais engagée,
Mon repos, mon bonheur semblait être affermi,
Athènes me montra mon superbe ennemi.
Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;
Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;
Je sentis tout mon corps, et transir et brûler.
Je reconnus Vénus et ses feux redoutables,
D’un sang qu’elle poursuit tourments inévitables.
Par des vœux assidus je crus les détourner :
Je lui bâtis un temple, et pris soin de l’orner ;
De victimes moi-même à toute heure entourée,
Je cherchais dans leurs flancs ma raison égarée.
D’un incurable amour remèdes impuissants !
En vain sur les autels ma main brûlait l’encens :
Quand ma bouche implorait le nom de la déesse,
J’adorais Hippolyte, et le voyant sans cesse,
Même au pied des autels que je faisais fumer.
J’offrais tout à ce dieu, que je n’osais nommer.
Je l’évitais partout. Ô comble de misère !
Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son père.
Contre moi-même enfin j’osai me révolter :
J’excitai mon courage à le persécuter.
Pour bannir l’ennemi dont j’étais idolâtre,
J’affectai les chagrins d’une injuste marâtre ;
Je pressai son exil, et mes cris éternels
L’arrachèrent du sein, et des bras paternels.
Je respirais, Œnone. Et depuis son absence,
Mes jours moins agités coulaient dans l’innocence ;
Soumise à mon époux, et cachant mes ennuis,
De son fatal hymen je cultivais les fruits.
Vaines précautions ! Cruelle destinée !
Par mon époux lui-même à Trézène amenée,
J’ai revu l’Ennemi que j’avais éloigné :
Ma blessure trop vive aussitôt a saigné.
Ce n’est plus une ardeur dans mes veines cachée :
C’est Vénus toute entière à sa proie attachée
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