dimanche 12 mai 2013

TROISIEME SYMPHONIE ... Opéra Bastille *****













De la magie ... d'entrée, je suis restée bouche bée durant tout le 1er mouvement uniquement dansé par des hommes ... puissance, esthétique, compositions géométriques improbables ... un pur bonheur ! J'ai eu peur au début du 2ème mouvement avec l'arrivée des femmes ... au secours, des pointes, des petits pas, des sautillements ... toute la rigidité du classique ... si loin de la danse contemporaine que j'aime tant ... ouf, dès le 3ème mouvement même si hommes et femmes se partagent le plateau, on retrouve une chorégraphie grandiose et émouvante ... quel magnifique spectacle !

Je donne la parole aux spécialistes ;-)

Stupéfiant de bout en bout ! La Troisième Symphonie, de Gustav Mahler, chorégraphiée en 1975 par John Neumeier, s'est posée sur le plateau de l'Opéra Bastille comme une soucoupe volante. On reste bouche bée pendant deux heures. Deux heures d'hypnose, le regard balayé par des vagues d'images et de musique, des lumières sans cesse changeantes (également signées Neumeier). Une forêt de corps (soixante interprètes parfois en scène !) laisse passer un homme seul et c'est tout un roman d'apprentissage qui se met en branle.

Cette production, créée deux ans après l'arrivée de John Neumeier à la tête du Ballet de Hambourg, vient d'entrer au répertoire du Ballet de l'Opéra de Paris. Autant dire qu'il s'agit pour les danseurs d'une pièce maîtresse dans l'échiquier. Virtuosité extrême qui laisse exsangue et dégoulinant de sueur, interprétation ultrafine, sens de la suspension (des mouvements, des regards, des sentiments...) pour une épure chorégraphique sans un faux pli.

Six tableaux déroulent ce qui ressemble aux grandes étapes de la vie d'un homme. Conditionnement guerrier les poings serrés, éducation sentimentale et choix sexuel, pensée de la mort... La construction de l'identité masculine se lit à corps ouvert dans cette traversée solitaire d'un homme (le danseur étoile Hervé Moreau) aux prises avec lui-même.




Poussée par la musique contrastée et imprévisible de Mahler, la danse devient un matériau d'une richesse palpitante. Véhicule d'une pensée philosophique comme on le voit rarement sur les plateaux, elle ouvre des gouffres existentiels sans céder à la psychologisation.

Seule l'écriture du mouvement et de l'espace, férocement travaillée, incarne ce scénario. En dessinateur, mais aussi en sculpteur, Neumeier a repensé de nouveaux appuis pour le corps, mis au point des équilibres au bord de la rupture. Des figures géométriques s'animent sous nos yeux comme des tableaux vivants. Des greffes improbables de danseurs les uns sur les autres font jaillir des statues surprenantes.

Un trio d'hommes se déplient comme un éventail, une femme s'enroule autour de la cuisse d'un homme pour glisser à ses pieds. Quant aux portés, ils rivalisent de bizarrerie au point de trouver naturel qu'une danseuse pendue par les pieds au cou de son partenaire se transforme soudain en balancier.

Tout est curieusement excessif et sobre dans cette Troisième Symphonie. La torsion appliquée au vocabulaire classique le pousse dans des retranchements physiques extrêmes et novateurs. Sur le plateau vide, des cercles se croisent pour modeler des masses d'hommes enchevêtrés qui se dispersent comme par miracle.




Un détail, contrepoint absolu de l'ensemble du spectacle, en dit long sur son amplitude esthétique et sa liberté. Au beau milieu d'une scène de rencontres amoureuses, Neumeier ose un moment d'immobilité absolue. Un homme et une femme se font face et se regardent longuement. Deux êtres pétrifiés dans un élan et débordés d'émotions contradictoires ne peuvent faire un pas de plus. Tout peut se lire dans cet écart qui les sépare : la fascination, le désir, la perplexité, la peur... C'est le début d'une histoire, mais ça pourrait en être déjà la fin.

Trente-quatre ans après sa création, cette Troisième Symphonie ressemble à un manifeste Neumeier. Précieux comme un premier manuscrit auquel on livre tout, il recèle les motifs de l'oeuvre à venir. Au-delà de l'écriture néoclassique, la solidité conceptuelle de la pièce et son sens des personnages chorégraphiques éclatent. Certains des thèmes de prédilection de Neumeier s'y dévoilent : devenir un homme, revendiquer sa sexualité, oser être soi-même...

En 1975, John Neumeier, âgé de 33 ans, bâtit cette pièce pour mieux connaître la troupe deHambourg, dont il venait de prendre la direction. Originaire des Etats-Unis, il avait débarqué en 1963 comme danseur à Stuttgart, où John Cranko(1927-1973) lui avait donné sa chance de chorégraphe. Ce ballet lui était dédié.

SOURCE : www.lemonde.fr


DECRYPTAGE ...

1er Mouvement - Hier
Il s'agit du mouvement le plus long de toute l'oeuvre, environ 40 minutes. Il réunit tous les hommes du ballet qui dansent ensemble. Le début est harmonieux avec l'Homme et ses acolytes vêtus de blanc. Arrivet ensuite des hommes en vert mensé par la figure de la Guerre où la grâce laisse place à la force.

2ème Mouvement - Eté
Après les affres de la guerre, place à une ambiance plus apaisée. Ici un petit groupe de femmes danse en fond de scène tandis que deux couples l'un lyrique, l'autre allegro dansent en avant scène sur une musique au charme champêtre.

3ème Mouvement - Automne
Ce thème évoque la nostalgie de l'automne. Sur scène des silhouettes blanches évoluent et s'assemblent tandis qu'au milieu un couple se forme.

4ème Mouvement - La Nuit
La nuit tombe. La Femme arrive pour un solo très épuré. Elle sera rejointe par l'Homme et l'Âme pour un pas de trois mystique évoquant le recueillement et la douleur.

5ème Mouvement - Ange
Ce mouvement est en rupture totale avec le reste de l'oeuvre, que ce soit sur le plan musical que chorégraphique. Ici l'Ange amène, le temps de son solo, de la légèreté et de l'insouciance qui contraste avec le dernier tableau. L'Ange est accompagné par un choeur d'enfants.

6ème Mouvement - Ce que me conte l'amour
Sixième et dernier mouvement de l'oeuvre, celui ci apparaît comme une ode à la sérenité. L'Homme rencontre l'Ange le temps d'un pas de deux, mais tous les couples du ballet reviennent le hanter. Pendant ce temps, l'Âme se métamorphose et s'unit à la Femme. Le couple vient se fondre dans la masse. L'Homme les regarde contemplatif.


SOURCE : LET'S DO THE TIME WARP AGAIN!

Un aperçu ...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire