jeudi 31 janvier 2013

DECOUFLE PANORAMA ... Maison des Arts Créteil ****~



Panorama n.m (du grec pan, tout, et horama, spectacle)
Depuis la création de sa compagnie DCA en 1983, Philippe Decouflé a traversé différents territoires chorégraphiques, naviguant entre petites formes et grandes parades, porté par sa curiosité et friand d’expériences nouvelles. Aujourd’hui, le chorégraphe revisite l’histoire de la compagnie en piochant dans ses valises : on y trouve certaines séquences issues de spectacles précédents (Codex, Petites pièces montées, Shazam !...) et, pour la première fois depuis leur création, des œuvres de jeunesse (Vague Café, Jump).
Variation bien plus que «reprise», Panorama tricote et décline. Ainsi, les filles dansent ce qui l’était hier par des garçons, ils font à cinq ce qui fût créé pour quatre et les petits gabarits jouent de ce qui était prévu pour les plus grands...

Dansé par sept nouveaux interprètes, Panorama marque les retrouvailles avec deux fidèles complices : Eric Martin qui dirige l’équipe de danseurs et Philippe Guillotel qui (re)crée pour l’occasion les costumes du spectacle.










Voilà qui devrait faire grimper au plafond de plaisir ceux qui ne connaissent pas leur Decouflé par cœur et les autres aussi ! Ce "Panorama" rassemble, concocté avec soin et revisité par Decouflé lui-même, quelques-uns des meilleurs moments de ses plus importantes créations. Et ces extraits savoureux que l'on conserve en mémoire depuis belle lurette ne manquent pas à l'appel. Les contempler joliment mis bout à bout comme autant de perles met d'emblée l'eau à la bouche. Surtout qu'ils seront agrémentés, décorés, enguirlandés, de mille et un détails nouveaux pour une mise en beauté digne d'un grand soir de danse.Télérama / sortir mai 2012


samedi 12 janvier 2013

LA NUIT TOMBE ... Théâtre des Bouffes du Nord Paris ***~~


Dans une même chambre d’hôtel, loin, très loin, (mais où ?), trois histoires se succèdent, s’entrelacent, se contaminent… L’histoire de Suzanne et sa petite fille, celle de Wolfgang, cinéaste envahi par les traumatismes de son enfance, celle des demi-soeurs invitées au mariage de leur père. Fantasme et réalité se télescopent sans cesse.


En collaboration avec le Théâtre de la Colline, les Bouffes du Nord nous présentent actuellement ce spectacle insolite, existentiel et intemporel de Guillaume Vincent qui signe également la mise en scène. Ce spectacle, inclassable nous conduit aux frontières du possible, au point de rupture qui préfigure la mort. Un lâcher prise qui transcende tous les fantasmes de ces personnages qui vivent ce moment de dépression avec intensité. Entre fantômes et fantasmes, les personnages se croisent, tissant un ensemble intense et inquiétant. Si ce spectacle interpelle le public, il risque de le perdre sur la longueur. Le spectacle de Guillaume Vincent est sans conteste un pari audacieux payant.

L’unité de lieu est représentée par une chambre d’hôtel vieillissante qui aurait besoin d’un rafraichissement. La mise en scène souligne ce lieu de passage anonyme traversé par des couples de nationalités diverses et variés. Les scènes vécues par ces personnages s’inscrivent dans la démesure, dans l’accomplissement de fantasmes puisqu’ils sont au bord du gouffre. Elles se suivent et parfois se renvoient l’une à l’autre.


Guillaume Vincent, nourri par une culture cinématographique de films fantastiques, nous pousse dans nos derniers retranchements en nous conduisant sur des chemins peu empreintés allant de l’adaptation d’un conte d’Andersen à des scènes irréelles et décalées. Tout est poussé à l’extrême, violent, âpre et fort comme l’amour. Un amour qui abandonne les êtres qui s’aiment. Ou bien ne serait-ce pas l’inverse ? Tout est d’un même tenant et tout se tient. La mort rode et engloutit tout sur son passage : les espérances et les souvenirs.

La scénographie est belle et fluide. Les effets spéciaux qui rappellent les films d’horreur sont inattendus et inquiétants. Le fantastique s’impose à nous sans jamais se montrer. Ce qui renforce son caractère intrinsèque. Le jeu des comédiens est excellent. Jouant avec une grande générosité, leur authenticité est criante et accentue le propos du spectacle. Un spectacle étonnant à découvrir !

Source

La nuit tombe de Guillaume Vincent
Mise en scène de Guillaume Vincent

Avec Francesco Calabrese, Emilie Incerti Formentini, Florence Janas, Pauline Lorillard, Nicolas Maury, Susann Vogel
Avec les voix de Nilita Gouzosky et Joahn Argenté et les visages de Thibaut-Théodore Babin et Io Smith