jeudi 6 décembre 2012

CENDRILLON ... Maison des Arts Créteil ****~

400e représentation pour Cendrillon de Maguy Marin présentée par les danseurs exceptionnels du Ballet de l’Opéra de Lyon, qui depuis sa création en 1985 l’auront fait voyager partout dans le monde. À cette époque, le choc est total face à ce conte de fée transfiguré par l’une des chorégraphes les plus aventureuses de sa génération. Avec Maguy Marin, le ballet le plus connu du répertoire devient une oeuvre satirique dérangeante où le grotesque va remettre en question la lecture classique de Cendrillon et lui donner une dimension sociale. Masqués, grimés, les danseurs sont devenus des poupées géantes engoncées dans l’épaisseur de leur habit. La musique de Prokofiev accompagne alors une Cendrillon rebelle qui ne veut plus subir. Une autre manière de revenir à l’alpha et l’oméga de la chorégraphe : faire naître un art fécond mais toujours indiscipliné. En 1990, le CCN de Créteil était créé, il confirmait une longue collaboration de Maguy Marin avec la Maison des Arts de Créteil. Y retrouver la chorégraphe en 2012 avec cette pièce emblématique sera un intense moment de partage.

Le ballet a vu le jour en 1985 pour l’Opéra de Lyon . Il est devenu emblématique de la Compagnie, de formation classique, qui s’est ensuite orientée vers de la danse contemporaine. Maguy Marin a su allier avec subtilité, tendresse et intelligence le mélange de ces deux danses.





La mise en scène est particulièrement théâtrale : le ballet débute dans les pièces sombres du rez-de-chaussée d’une maison de poupée en coupe. Les costumes des danseurs sont rembourrés donnant un effet de poupées de chiffon et leurs visages sont cachés par un masque révélant, par des expressions accentuées, le caractère du personnage. Nous sommes dès lors plongés dans un univers de poupées et de pantins cruels. 



Bien que très théâtral, la chorégraphe n’en oublie pas pour autant l’expression des corps. Certes, les mouvements sont saccadés, désarticultés, volontairement peu habiles, mais la grâce et la sensualité de la danse en général y transparaît malgré tout. Les premiers pas de danse de Cendrillon dans ses nouveau chaussons sont maladroits. Les bras crispés, les jambes droites, telle une toute jeune ballerine essayant pour la première fois ses pointes. La performance des danseurs prend alors une toute autre dimension : c’est l’expression toute entière de son corps qui transmet alors les émotions et le caractère de ces personnages étranges.



Ce choix de chorégraphie amène le spectateur a éprouver des sensations paradoxales, entre un monde intime, innocent et enfantin (le pas de deux de Cendrillon et du prince pendant le bal est tout simplement sublime) et la cruauté adulte et humaine. Un univers qui nous semble étrange mais qui n’est pourtant pas éloigné de celui que l’on connaît. C’est finalement un ballet touchant d’humanisme qui nous renvoie à notre nature humaine sur fond d’un conte historique.

L’Opéra de Lyon résume parfaitement en une phrase mon ressenti sur cette oeuvre surprenante : « Maguy Marin et sa décoratrice Montserrat Casanova ne détruisent pas le merveilleux, mais lui donnent la profondeur mélancolique de l’innocence perdue ».




Les photographies sont de Michel Cavalca.

dimanche 18 novembre 2012

LUCHINI LIT MURRAY ... Théâtre Antoine PARIS *****

« Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous ! » Fabrice Luchini peut déclarer cela à son public de plus en plus fidèle. La raison ? Son talent, indéniablement. Son don de la parole, évidemment. Son esprit pétillant, cela va de soi. Mais les spectateurs viennent aussi pour entendre, parce qu'il les dit divinement, des auteurs. Cette fois-ci, il nous en présente un qui va comme un gant à sa pertinence et à sa sagacité, Philippe Muray. Comme la majorité des personnes dans la salle, je ne connaissais pas cet écrivain décédé en 2006. L'avantage de ce genre de spectacle est de combler cette lacune. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'Anne Muray a demandé à Luchini, pour un soir, de faire entendre l'œuvre de son époux. En lecteur enthousiaste de Muray, il a décidé de prolonger l'aventure. Et comme l'artiste ne ménage jamais sa peine, il y met toute sa passion. Muray est un « phénomène » dans le paysage culturel. Un homme qui dit ce qu'il pense sans tremper sa plume dans l'encre de la bienséance du formatage. Il affirmait se situer « quelque part entre Hegel et Desproges ». Il gratte là où ça demande, la « bouffonnerie irréelle de la nouvelle vie quotidienne ». Le texte sur les « emplois jeunes » est réjouissant, tout comme ceux sur le débat, André Malraux et Louis Jouvet. Dépassant le « c'était mieux avant », il analyse avec un humour féroce le « c'est comme cela maintenant et cela ne va pas s'arranger demain ». Appartenant à cette société, difficile de ne pas se reconnaître dans son poème « Tombeau pour une touriste innocente ». Muray, réac, anarchiste de droite ? Comme si cela pouvait exister… Il serait dommage d'enfermer une pareille réflexion sur notre monde. Pour ne pas isoler cette pensée, Luchini a ajouté du Cioran et du Péguy. Et s'il s'amuse à taquiner le public, c'est par intérêt du genre humain.

Pour Fabrice Luchini lire Philippe Muray à l'ère de l'hyper festif a quelque chose de réjouissant et de très stimulantLa scène est envahie par une horde d’individus hétéroclites et e situations absurdes : des « accompagnateurs petite enfance », Ségolène Royal, un pirate, des « agents d’ambiance », Christine Angot, une jungle, une « intervenante civique », Paulo Coelho, Paris-plage, une touriste blonde… Ces textes bouillonnent, grouillent d’une faune absurde et d’une flore artificielle. Ils révèlent le vide du réel. La perte du sens. Jusque de la moindre broutille. Car Muray est un maître du détail. On pourrait presque dire qu’avec lui, seul le détail compte. Pour lui, « toute entreprise critique véritable commence par la critique de la vie quotidienne ». On prendra comme exemple le poème-pastiche intitulé Tombeau Pour Une Touriste Innocente, qui commence ainsi : « Rien n’est jamais plus beau qu’une touriste blonde, qu’interviewent des télés nippones ou bavaroises, juste avant que sa tête dans la jungle tombe sous la hache d’un pirate aux façons très courtoises ».

« Notre époque ne produit pas que des terreurs innommables, prises d’otages à la chaîne, réchauffement de la planète, massacres de masse, enlèvements, épidémies inconnues, attentats géants, femmes battues, opérations suicide. Elle a aussi inventé le sourire de Ségolène Royal. C’est un spectacle de science-fiction que de le voir flotter en triomphe, les soirs électoraux, chaque fois que la gauche, par la grâce des bien-votants, se trouve rétablie dans sa légitimité transcendantale. On en reste longtemps halluciné, comme Alice devant le sourire en lévitation du Chat de Chester quand le Chat lui-même s’est volatilisé et que seul son sourire demeure suspendu entre les branches d’un arbre. »Il s’agit d’un extrait de Sourire À Visage Humain. Les autres textes sélectionnés par Luchini sont aussi variés et drôles : ils dénoncent la passion des débats organisés pour ne rien dire, le tourisme ou l’infantilisation, le culte de la jeunesse ...

DECOUVRIR Tombeau pour une touriste innocente



DECOUVRIR Emplois-jeunes "Un bataillon d’agents de développement du patrimoine ouvre la marche, suivi presque aussitôt par un peloton d’accompagnateurs de détenus, puis arrivent en rangs serrés les compagnies d’agents de gestion locative, d’agents polyvalents, d’agents d’ambiance, d’adjoints de sécurité, de coordinateurs petite enfance, d’agents d’entretien d’espaces naturels, d’agents de médiation, d’aide éducateurs en temps péri-scolaire, d’agents d’accueil, des victime et j’en passe énormément. Ferme le cortège un petit groupe hilare d’accompagnateurs de personnes dépendantes placées en institution, talonné par des re-découvreurs de l’histoire des villes et des promoteurs des ressources touristiques en direction des pays émergents. Musique. Vers le ciel d’azur s’envolent des ballons, un camion-grue déguisé en sapin de Noël s’élance en grondant, la foule massée des deux côtés de l’avenue applaudit sauvagement, le monde retrouve enfin sa base. Le Patrimoine est rassuré, la Petite Enfance respire. Le Tissu Social en cour de réparation frémit d’aise les réjouissances ne font que commencer. Non non non il ne s’agit pas d’une parade des arts de la rue, il s’agit des nouveaux emplois-jeunes de Martine Aubry, réunis dans un rassemblement imaginaire tel qu’il pourrait se présenter à l’occasion d’une fête géante, une sorte de , je sais pas moi, une sorte d’Halloween à l’échelle nationale, une Love-Parade en plein Paris, une Job-Pride mais oui pourquoi pas ?! Une Job-Pride"

DECOUVRIR d'autres extraits de Philippe Muray
... tellement vrai ce "sourire à visage humain" ...

vendredi 26 octobre 2012

CELIBATAIRES ... Théâtre des 3 bornes Paris ***~~

On ne compte plus les spectacles de café théâtre consacrés au sujet actuellement à l'affiche. Alors si "Célibataires", proposé aux Trois Bornes, tire son épingle du jeu, c'est probablement parce qu'au delà d'une succession de sketches sur la quête de l'âme soeur, ses auteurs (Rodolphe Sand et David Talbot) ont su assez justement dépeindre , avec humour mais sans lourdeur, des situations, des personnages et des sentiments dans lesquels tout un chacun est susceptible de se reconnaître.

Ainsi suivons-nous trois protagonistes à la fois hauts en couleurs et pleins de vérité, d'humanité, de fragilité. Christiane, jeune femme traumatisée par une rupture récente, Antoine, vieux garçon, et Bruno, tombeur de service, nous embarquent à la salle de sport, en boîte de nuit, chez une coach-relookeuse, ou en week end "chasse au trésor" spécial célibataires...

Le texte prête plus souvent à sourire qu'à rire véritablement à gorge déployée, mais il a le mérite d'être habilement structuré et d'offrir aux comédiens une partition leur permettant d'explorer différentes facettes de leurs personnages. Subtilement et efficacement dirigés par Pierre-Andre Ballande, ils nous amusent et nous émeuvent aussi parfois. On pense notamment à cette séquence où Christiane s'auto-souhaite son anniversaire, seule chez elle, faisant croire à sa mère, au téléphone, qu'elle est entourée de ses amis.

Plaisant moment.

mercredi 24 octobre 2012

ANTIGONE ... Théâtre du Vieux Colombier Paris ****~

Issue de l’union fatale d’OEdipe et de Jocaste, Antigone est aux prises avec son destin, en révolte contre l’ordre des hommes. Ses frères Étéocle et Polynice se sont entre-tués lors de la guerre des Sept Chefs. Leur oncle, Créon, devenu roi de Thèbes, organise des funérailles solennelles pour le premier et refuse que le corps du second soit enseveli. Bravant l’interdit, Antigone recouvre de terre le corps de Polynice. Arrêtée, conduite devant le roi qui tente de la sauver, l’inflexible jeune fille rejette avec véhémence le bonheur, factice, que son oncle lui promet. Et le verdict tombe, déclenchant l’implacable mécanique tragique, sans que rien ni personne ne parvienne à faire fléchir Créon…




"Antigone", rappelons-le, nous conte la tragédie de cette jeune femme refusant la loi et combattant le pouvoir en place incarné par son oncle Créon, roi de Thèbes. A l'issue d'une guerre qui vit s'entretuer ses deux frères, Etéocle et Polynice, le roi n'organisa de funérailles que pour le premier, interdisant que l'on ensevelisse le second. Cet interdit que bravera Antigone la fera condamner à mort.

Ecrite en 1942 sous l'occupation, inspirée de l"Antigone" de Sophocle, représentée en 1944, la pièce d'Anouilh réveillait les consciences et appelait à la résistance. Soixante dix ans plus tard, celle-ci nous interroge toujours sur le monde que nous désirons, nos libertés, nos politiques. L'écriture est magnifique, moderne, d'une puissance extraordinaire, d'une poésie rare, et pleine d'humanité. On ne peut qu'être saisi à la lecture ou à l'écoute de la prose du dramaturge.

Sur le plateau du Français, Françoise Gillard est une Antigone bouleversante. Fragile oisillon débordant d'énergie, à la force de caractère impressionnante, elle parvient à délivrer toutes les couleurs de son personnage. Sa colère qu'elle ne peut contenir, sa détermination sans faille, son courage qu'elle affiche sans trembler... Les sentiments jaillissent de la comédienne avec une infinie justesse. Bruno Raffaelli se révèle quant à lui magistral dans son interprétation effrayante et glaçante du politique Créon. Marion Malenfant est une Ismène effervescente et touchante ... Chacun est à sa place dans le subtil travail qui nous est proposé.

http://www.fousdetheatre.com/


Créon
Pourquoi fais-tu ce geste, alors ? Pour les autres, pour ceux qui y croient ? Pour les dresser contre moi ?
Antigone
Non
Créon
Ni pour les autres, ni pour ton frère ? Pour qui alors ?
Antigone
Pour personne. Pour moi.

de Jean Anouilh          mise en scène Marc Paquien
avec Véronique Vella : La Nourrice, Bruno Raffaelli : Créon, Françoise Gillard : Antigone, Clotilde de Bayser : Le Choeur, Benjamin Jungers : Le Messager, Stéphane Varupenne : Le Garde, Nâzim Boudjenah : Hémon, Marion Malenfant : Ismène

vendredi 19 octobre 2012

PLAY AND PLAY... Maison des Arts Créteil ****~

Bill T. Jones / Arnie Zane Dance Company
Play and Play : an evening of movement and music


Joué par des musiciens en scène, ce programme de musique classique applique l’inventivité chorégraphique de Bill T. Jones à quelques-unes des plus belles oeuvres du patrimoine musical occidental.

Sur des compositions de Beethoven, Mendelssohn et Ravel, ces pièces mettent en lumière la joie du travail en commun des musiciens et des danseurs. En effet pour ce programme spécialement conçu pour Créteil, Bill T. Jones s’est adjoint le soutien artistique de Janet Wong et de sa compagnie de même qu’il rend hommage au duo si créatif qu’il formait avec Arnie Zane.

Ce répertoire comprend les fondamentaux de la danse moderne aujourd’hui et plus particulièrement sa pièce si joyeuse D-man in the Waters. Célébration de la vie et de la résilience de l’esprit humain, elle guide le public à travers la perte, l’espoir et le triomphe retrouvés. Basée sur l’octuor à cordes en mi bémol majeur op. 20 de Mendelssohn, elle est l’un des plus fins exemples de l’esthétique post-moderne.
Avec Arnie Zane, Bill T. Jones a révolutionné la forme du duo mais aussi introduit dans ses chorégraphies des questionnements sociaux et identitaires qui ne vont plus cesser de traverser la danse américaine. Depuis le choc provoqué par sa collaboration légendaire avec le batteur Max Roach dès 1983, Bill T. Jones et sa compagnie continuent d’incarner l’une des plus innovantes et puissantes tendances de la danse moderne dans le monde.

jeudi 11 octobre 2012

YO GEE TI ... Maison des Arts Créteil **~~~

Déçue ... certes les décors sont magnifiques, les danseurs d'un excellent niveau ...
mais ce spectacle pour moi n'a pas d'âme :-(
j'ai hâte de retrouver Käfig !!!
Sur le papier, Yo Gee Ti avait d'abord l'air modeste d'"une rencontre hip-hop amicale", selon les termes de Merzouki. Sur le terrain, l'affaire s'emballe, met deux ans à se concrétiser, pour finir en superproduction. "L'idée était de promouvoir le hip-hop à Taïwan, où le niveau reste encore amateur et l'esthétique tournée vers le show, précise Pi-Twang Huang. Mais, après une audition de Mourad en 2010 - ils étaient quatre-vingts hip- hopeurs -, le projet a changé. Les danseurs n'étaient pas assez professionnels. Il a fallu se tourner vers des interprètes contemporains."

Sur le plateau, ils sont finalement cinq Taïwanais de haut niveau, affûtés dans tous les styles - du classique au traditionnel en passant par les arts martiaux -, àcopiner avec cinq hip-hopeurs français. Surfant entre les fils d'un somptueux rideau de laine, camouflés sous d'imposantes et étouffantes sculptures tressées - le décor et les accessoires, tous en grosse laine brute, sont signés par le styliste taïwanais Johan Ku -, ils font mystérieusement corps avec une énergie dévorante.

vendredi 28 septembre 2012

PROMENADE OBLIGATOIRE ... Maison des Arts Créteil ****~

PROMENADE OBLIGATOIRE est une traversée ininterrompue dans le sens de la flèche du temps, qui porte une réflexion sur les différents états possibles d’ « être ensemble » dans une société toujours en mouvement. De la masse compacte aux assemblages moléculaires, de l'ordre idéal aux allures de parade militaire à la différenciation, les danseurs sont plongés dans une succession d’états évanescents. Ils composent une matière mouvante douée d’une mémoire collective, dont les évolutions passées ressurgissent de manière cyclique, se confrontant à l’oubli, au désir de créer et à l’instinct. Dans cette frise chronologique vivante, l’homme lutte tour à tour contre le déterminisme et contre son propre enfermement.


Dans Nous autres d’Ievgueni Zamiatine, la promenade obligatoire est une marche en rang quatre par quatre, où l’état de synchronisation représente une victoire face à l’incertitude de la nature. « Pourquoi la danse est-elle belle ? Parce que c’est un mouvement contraint, parce que le sens profond de la danse réside justement dans l’obéissance absolue et extatique, dans le manque idéal de liberté. »
Ievgueni Zamiatine – Nous autres (1920)



Chorégraphe : Anne Nguyen
Assistante chorégraphe : Magali Duclos
Interprètes : Cintia Golitin, Claire Moineau, Blondy Mota-Kisoka, Sacha Négrevergne, Jessica Noita, Matthieu Pacquit, Rébecca Rhény, Mélanie Sulmona

Musique (création originale) : Benjamin Magnin
Création lumière : Ydir Ace

CLIC pour agrandir

Découvrir la compagnie Cie par Terre

dimanche 16 septembre 2012

A BORD DU DARJEELING LIMITED ****~

Un film chaudement recommandé par Martine ...
Je ne regrette pas de m'y être essayée et pour une fois, je suis totalement en phase avec ces critiques :

Si Wes Anderson insuffle une énergie époustouflante au rythme de cette quête spirituelle, il ne lâche jamais le lien de fraternité qui réunit les trois personnages principaux. Un film décalé pour mieux nous faire planer (ELLE)

C'est d'une légèreté étourdissante, qui n'a d'égale que son élégance racée (...) Trois frères qui sont dans le film comme nous devant le film : étonnés, ravis. (LIBERATION)

Le film le plus ensoleillé de Wes Anderson. On y retrouve son sens du détail qui tue, son goût pour les couleurs chatoyantes et la symétrie. (Le film le plus ensoleillé de Wes Anderson. On y retrouve son sens du détail qui tue, son goût pour les couleurs chatoyantes et la symétrie. (METRO)

Ce Darjeeling..., histoire finalement toute simple de trois grands garçons à qui leurs parents manquent, infuse longtemps après sa vision. (PREMIERE)



mardi 17 juillet 2012

AVIGNON, la magie du OFF

Le festival OFF d’Avignon est l’un des plus grands festivals de compagnies indépendantes au monde.

La richesse et la diversité de ses propositions culturelles en font un véritable « salon artistique du Spectacle Vivant » offrant aux compagnies qui s’y produisent, l’occasion unique de rencontrer des publics divers et connaisseurs, des professionnels (presse, institutions, …) et surtout des programmateurs susceptibles de les accueillir dans leur lieu de diffusion.


Le festival OFF cette année, ce sont plus de 1000 spectacles annoncés dans les rues par une débauche d'affiches partout dans la ville et un site fabuleux pour nous aider à faire notre choix :  http://www.avignonleoff.com




Cette année, on a vu :

*** Le naturaliste ou le Voyage en ballon - Théâtre Les Trois Soleils


Patrick Robine se définissant comme : "Grand interprète animalier botaniste et forestier", nous invite ici en temps que "Naturaliste" à vivre un "Voyage en ballon" au dessus de la planète, pour des virées aériennes au grand large de son imagination et de sa fantaisie, nous décrivant pendant l'ascension la chaîne des Pyrénées entièrement assemblée à la main par les Espagnols…
Sans accessoires ni artifices, il illustre et nous fait vivre son voyage à travers les airs, les eaux, ou sous terre, de la stratosphère au magma…
Ses voyages, il les dit, il les mime, il les bruite, mieux... il EST, et incarne tour à tour avec une vérité confondante : une éponge sauvage encore frétillante, le requin marteau, sa montgolfière ou le rat kangourou qui ne peut pas ouvrir sa poche un lundi après midi à l'arrêt du bus de ramassage scolaire à Brisbane en Australie.
Il nous fait nous émouvoir devant la grande transhumance des troupeaux de bigorneaux, nous fait entendre le cri du dodo oiseau disparu en 1765, nous apprend l'existence de l'oursin polaire ou de la moule plate du Tibet qui vit accrochée sur la paroi intérieure des volcans.
Pour une fois l'humour ne se nourrit pas de l'homme et de ses travers, du couple et de sa psychologie, Patrick Robine se nourrit de la terre, de la nature, des arbres, de séjours dans le désert ou sur la banquise, de tout sauf du quotidien, ça fait du bien.

LA PRESSE EST UNANIME

LE MONDE "Insolite, tendre et drôle"
TÉLÉRAMA "Un alliage rare de drôlerie et de poésie"
LE FIGARO "Un régal d'humour exotique, d'intelligence écologique et de poésie théâtrale"
LE CANARD ENCHAINÉ "Botaniste cinglé, biologiste barré, ornithologue fou..."
LES ECHOS "Un one-man-show loufoque, poétique et souriant"
LIBÉRATION "Robine imagine, on voyage. On sort de là l'esprit vagabond"
LE PARISIEN "Allez planer en compagnie de ce doux dingue hilarant"

  
Si l’image du théâtre était celle d’un soleil, les artistes en seraient sa lumière et le public en serait sa chaleur.
« Le soleil a rendez-vous avec la Luna »... résume ainsi l’idée qui a donné naissance au Théâtre Les 3 soleils (100 places).
Les mêmes ingrédients : amour de l’art, éclectisme et liberté animent les 3 directeurs de ce lieu quant au choix de la programmation.



*** Pour un oui ou pour un non - Théâtre du Vieux balancier


Dans un univers à la Miró, décalé, effrayant et drôle, deux amis, pour une expression mal employée, nous embarquent dans une guerre fratricide...
Comment faire basculer une amitié en un instant, pour presque rien, un mot, une intonation, une inflexion de voix ? Dans une mise en scène inspirée d'un univers à la Miró, à la fois décalée et absurde, deux amis proches, pour une expression maladroitement employée, déclenchent une guerre fratricide qui remet en cause leur amitié. Les mots se chargent de ridicule et d'absurde pour aboutir à une joute verbale qui fait de ce texte une tragi-comédie contemporaine unique.

Nathalie Sarraute et Bruno Dairou nous embarquent dans un monde effrayant et drôle où les mots sont percutants et choisis avec précision.
"Choisir de mettre ce texte en scène, c'est moins vouloir exprimer l'inexprimable que montrer la cruelle complexité des êtres révélée sous l'apparente banalité du langage quotidien." Bruno Dairou.

Extrait:
"H1 - Et bien moi je sais. Tout le monde le sait. D'un côté le camp où je suis, où les hommes luttent, ils donnent toutes leurs forces... ils créent la vie autour d'eux... pas celle que tu contemples par la fenêtre, mais la vraie. Celle que tous vivent. Et d'autre part... eh bien...
H2 - Eh Bien ?
H1 - Eh bien...
H2 - Eh bien ?
H1 - Non...
H2 - Si je vais le dire pour toi... eh bien, de l'autre côté il y a les ratés."

Auteur : Nathalie Sarraute
Artistes : Romain Arnaud-Kneisky, Antoine Laudet, Sébastien Harquet
Metteur en scène : Bruno Dairou

"Intensité étonnamment grave et prenante d'Antoine Robinet, ironie angoissante très communicative de Romain Arnaud-Kneisky."
"Courez voir cette œuvre essentielle du Festival Off 2011. Prévoyez de réserver car c'est plein chaque jour !" AVIGNEWS
"Les comédiens servent avec grâce et avec force le propos." LE DAUPHINÉ

Le Théâtre du Vieux Balancier (45 places) est un petit lieu chaleureux ouvert depuis dix ans au coeur même du vieil Avignon.
La qualité de ses programmations lui a permis de fidéliser un public recherchant avant tout de beaux textes de théâtre.




*** Un couple presque parfait !  - Théâtre du Bourg Neuf


Ribes, Tardieu, Obaldia, Courteline, Feydeau et d'autres auteurs du 20ème siècle au service de deux comédiens qui forment un couple presque parfait !
Couple improbable dans la vie mais irrésistible sur scène, Jean-jean et Sophie vous invitent à un véritable voyage à remonter le temps. Vous serez donc les témoins amusés de scènes jubilatoires des auteurs majeurs du 20ème siècle et des difficultés de ce couple qui ne sortira pas indemne de ce spectacle...

Toute ressemblance avec des personnages ou des situations existantes étant complètement fortuite, la production décline toute responsabilité sur d'éventuelle crise conjugale à la sortie de ce spectacle...

Auteur : Ribes, Tardieu, Obaldia, Courteline, Feydeau
Artistes : Camille Bardery, David Bottet
Metteur en scène : Anne-Jacqueline Bousch et David Bottet



TELERAMA
"C'est joué avec entrain et finesse"

LE POINT
"Excellent Duo","On se régale"

THEATREONLINE
"Complicité avec le public épatante"

Le Théâtre du Bourg-Neuf (2 salles de 66 et 99places) propose un programme reflet de notre époque, en accord avec ses convictions, ses désirs ; soyons curieux et gourmands.

jeudi 5 juillet 2012

FEUX D'ARTIFICE ROYAUX ... Versailles



C'est plus fort que moi, je me laisse toujours emporter par la magie des feux d'artifice, ils me fascinent depuis l'enfance ...
Et dans ce cadre, c'est somptueux !




Dans le cadre unique du Château de Versailles, Groupe F revisite les deux chefs-d'œuvre orchestraux de plein air de Haendel : Water Music interprété en 1717 sur la Tamise et Royal Fireworks Music composé en 1749. Haendel avait été nommé en 1710 Maître de Chapelle de l'Electeur de Hanovre, mais demanda rapidement un congé pour se rendre à Londres, où il resta sans prévenir son employeur… qui fut couronné Roi d'Angleterre en 1714 sous le nom de Georges Ier! Haendel revint donc involontairement (mais de bonne grâce) à son service.


Sa carrière de compositeur pour les grandes cérémonies officielles de la Cour d'Angleterre était ainsi scellée. En 1717, occasion lui fut donnée de montrer son attachement à ce nouveau souverain, qui devait effectuer un voyage sur la Tamise. Le 17 juillet, une barque royale remonta la Tamise durant 3 heures, la barque suivante interprétant la Water Music de Haendel. Puis on débarqua à 23h, le Roi dîna, et le retour se fit à nouveau en musique. Le contentement royal fut acquis, et celui du public ne le démentit jamais. Les airs de Water Music, à la fois élégiaques et aux rythmes allants sont parmi les plus réussis, avec une présence renforcée des instruments à vent, plus audibles en extérieurs, qui donnent une couleur particulière à cette suite orchestrale.


La Musique pour les Feux d'Artifice Royaux fut composée en 1749 pour accompagner un spectacle pyrotechnique donné en l'honneur de la Paix d'Aix La Chapelle. Il s agissait de marquer un grand coup avec une fête populaire et somptueuse. Haendel chargé de la musique travailla avec la volonté de produire des morceaux aux vastes proportions, fortement rythmés pour être exécutés par de nombreux interprètes, et s'appuyant essentiellement sur les instruments à vents ( bois et cuivres de toutes sortes, en grand nombre) et sur les percussions. L'aspect militaire et officiel de la musique en était d'autant plus évident. La répétition fut un succès exceptionnel, suivie par plus de 12.000 personnes, créant des embouteillages dans Londres. Hélas la cérémonie officielle, deux jours plus tard, fut catastrophique à cause d'un incendie. Cependant la musique de Haendel, on ne peut plus triomphale, est devenue la référence des grandes compositions d'apparat.

lundi 25 juin 2012

ALVIN AILEY Ouverture ... Théâtre du Châtelet

L'Alvin Ailey American Dance Theater fête ses 50 ans aux Etés de la Danse à Paris

Théâtre du Châtelet, du 25 juin au 21 juillet 2012

Invité récurrent du festival Les Etes de la Danse et chaque fois acclamé par le plus public, L’Alvin Ailey American Dance Theater revient cette année sous la houlette d’un nouveau directeur artistique, Robert Battle, et ce pendant quatre semaines pour le plus grand bonheur des parisiens et des visiteurs !

Au total 28 représentations et 4 rencontres-spectacles sont programmés. La compagnie revient avec 15 Ballets dont 7 donnés pour la première fois à Paris et 9 productions nouvelles, dont 3 de Robert Battle. Les ballets seront donnés en alternance.



A l'occasion de soirée d'inauguration du festival les Etes de la Danse, j'ai découvert la Compagnie Alvin Ailey American Dance Theater et ce fut LE COUP DE FOUDRE immédiat !!

Une SOIREE MAGIQUE avec une programmation variée de ballets tous différents dans le style mais tous aussi réussis !

Quelques extraits :
Arden Court (Chor. Paul Taylor)
Journey (Chor. Joyce Trisler)
Minus 16 (Chor. Ohad maharin)
Streams (Chor. Alvin Ailey)
Takademe (Chor. Robert Battle)
Home (Chor. Rennie Harris)
Revelations (Chor. Alvin Ailey)

dimanche 24 juin 2012

30KM A PIED ... Place de l'église Sansais (79)

Comédie en 5 actes de Jean-Claude MARTINEAU
Durée 1h50

Jacques et André, deux jeunes retraités, n’en peuvent plus de cohabiter avec leurs femmes toute la journée à la maison et de devoir obéir à leurs ordres. Ayant l’impression de manquer de liberté et pour leur donner une leçon, ils décident de fuguer quelques jours. Mais si Jacques est un habitué des longues randonnées, André, lui, est le parfait pantouflard et après 30 kms à pied, au soir du premier jour, à la nuit tombée, les pieds en compote ; il contraint son copain à poser la tente là où il se trouve. Il n’ira pas pas plus loin que cette petite place de la bourgade de Piron sur Ajasse...

Au petit matin, jour de la Ste Cécile, ils sont réveillés par la fanfare municipale qui défile dans les rues et, pour expliquer leur présence incongrue sur cette place de village, ils s’inventent des rôles. Jacques se serait fait jeter à la rue par une femme autoritaire et aurait rencontré l’amnésique André en cours de route.

Prise de pitié pour eux, toute la commune se mobilise derrière Gabriel Lange, son maire, et organise une chaîne de solidarité autour de ces deux hommes... qui ne demandaient qu’à prendre le large !

Il y a là : le maire de Piron sur Ajasse qui voit, ici, une occasion rêvée de faire parler de sa commune ; Claudine, la secrétaire de mairie, prête à réaliser une vidéo pour les actualités régionales ; Roselyne et Rolande, les deux soeurs célibataires qui tiennent le bistrot de la place et qui s’en feraient bien de potentiels maris ; Henriette, la vieille institutrice bigote qui aimerait bien remettre dans le droit chemin, ces deux brebis égarées... et Fonfonse, l’employé communal « avec son défaut de fa... de fafa... de fabrication », que cela perturbe et amuse à la fois...

Comment Jacques et André vont-ils sortir de ce piège dans lequel ils se sont eux mêmes empêtrés ?
Ce ne sera pas l’arrivée impromptue de deux journalistes TV en quête d’un reportage pour l’émission « Envoyé Spécial » qui va arranger la situation de nos deux fugueurs.
Convoités de partout, nos deux vagabonds vont même se faire kidnapper par le maire de la commune voisine qui compte bien, lui aussi, tirer profit de la situation.
Trente kilomètres à pied pour en arriver là !... De quoi méditer amèrement la citation : « On sait toujours ce que l’on perd mais jamais ce que l’on gagne...

Si vous aimez les pièces drôles, décalées, avec des rôles bien typés et équilibrés, alors courrez-y !

Bravo les filles !
La Fille de la Sèvre est une association d'amateurs et d'animateurs passionnés de tradition, de musique et résolument tournés vers le comique. Ses membres sont attachés au Marais Poitevin et le font revivre à travers des sketchs, des chants, des danses, remettant en valeur la saveur du patois, l'élégance des costumes d'antan, la perspicacité et la malice paysannes.
Découvrez leur site sur :  http://www.lafilledelasevre.fr/ 



 


jeudi 21 juin 2012

LE PLAISIR ... Théâtre de la Pépinière

Tout est d'un délicat érotisme dans cette mise en scène d'une adaptation du texte de Crébillon fils. Dans une langue savoureuse et jubilatoire, il dit les émois et les troubles du plaisir de la chair. D'abord les découvertes d'une jeune fille avec son amie, au couvent, puis les obligations conjugales avec un vieux mari, enfin les plaisirs coquins et les intermittences du cœur avec un jeune amant. Les cinq acteurs(trices), joliment accompagnés au violoncelle, donnent une vision du bonheur très XVIIIe, réussie et coquine.
Sylviane Bernard-Gresh (Télérama)


Un délicieux moment avec des comédiennes à croquer ;-)
Les acteurs sont aussi à la hauteur !
On se prend au jeu et on se demande souvent jusqu'où ils vont nous entraîner ... en tous cas, jamais dans la vulgarité et c'est ce qui scelle leur réussite.




mercredi 30 mai 2012

CETROBO à la MAC

Sous ce pseudo un tantinet provocateur, Cetrobo est un photographe se laissant porter par son imagination, ses lectures, ses rencontres, son intuition et ses états d’âme. « L’existence est un fantastique prétexte à création. L’inattendu en est un excellent point de départ. » Au final, le résultat est bouillonnant, souvent explosif, toujours inattendu. Impossible pour Cetrobo de suivre une trajectoire unique. Il préfère « partir à l’aventure et pouvoir faire naître des idées, des histoires à partir de ses anxieuses ou joyeuses découvertes ». Si nombre de ses images se nourrissent d’absurdité et renversent de manière drolatique quelques idées reçues, d’autres naissent de l’incompréhension et résonnent comme des appels à l’aide.

Découvrez CETROBO sur www.cetrobo.com


J'ai découvert CETROBO tout à fait par hasard en sortant d'un spectacle à la Maison des Arts de Créteil, je suis tombée nez à nez avec la photo du piano-pieds puis j'ai découvert les autres ... le coup de foudre !

EXPO Cetrobo
mercredi 2 mai au samedi 16 juin
(entrée libre du mardi au samedi de 13h à 18h30 et les soirs de représentation, sauf les 8 et 17 mai)
Tels des bonbons acidulés, ses clichés sont autant de gourmandises chimériques et colorées pour les pupilles que pour l’esprit. Le puzzle photographique de Cetrobo mêle les genres, brise les codes, avec les libertés qu’il s’autorise. Tantôt pop, tantôt rétro, son univers surréaliste dépeint, à travers des mises en scènes rocambolesques, l’amour, la mort, les joies, les doutes, l’humour et les craintes. Imprévisibles, ses photographies telles de petites histoires racontées en images, intriguent.comme des appels à l’aide.

Mon best of ...