lundi 24 février 2014

PIXAR ... Art Ludique ****~



Le premier musée au monde dédié à l'art de l’ ”Entertainment”, a ouvert ses portes à Paris le 16 novembre 2013 avec l’exposition ”PIXAR, 25 ANS D’ANIMATION”

La fameuse exposition PIXAR, 25 ANS D’ANIMATION, inaugurée au MoMA à New York en 2006 avant de faire le tour du monde de nombreux musées prestigieux, s’inscrit totalement dans cette démarche résolument novatrice et populaire.
 En exposant les œuvres originales des artistes créateurs de "Toy Story", "Le Monde de Nemo", "Ratatouille" ou "Wall-e", le MoMA a rendu hommage à ce courant artistique émergent et a connu, à cette occasion, sa plus grande affluence de visiteurs depuis sa création.

C’est un honneur pour ART LUDIQUE Le Musée d’ouvrir ses portes avec l’exposition PIXAR,25 ANS D’ANIMATION qui proposera plus de 500 œuvres, dessins de recherches originaux, études de personnages et de décors, story-boards, sculptures, ainsi que le spectaculaire Zootrope de "Toy Story" et le captivant Artscape, qui offrent des expériences exceptionnelles d’immersion dans la magie de l'animation.

PIXAR, 25 ANS D’ANIMATION constitue la première des grandes expositions temporaires d'ART LUDIQUE Le Musée, et s'est déroulée du 16 novembre 2013 au 2 mars 2014.









Double bonne nouvelle : non seulement le musée Art ludique, consacré aux arts du divertissement (jeux vidéo, BD, animation…), a ouvert ses portes à Paris, mais, en plus, il accueille la formidable expo "Pixar", qui nous arrive après un grand tour du monde, commencé en 2006 au MoMA de New York.
Storyboards, aquarelles, sculptures et courts métrages, études de personnages au fusain ou au pastel, les coulisses du grand studio d’animation américain s’affichent en beauté. On retrouve ici les mille et une métamorphoses de Toy Story, de Rebelle, des Indestructibles et les autres, dans un « envers du décor » presque plus beau que l’endroit.
Complément ludique à ce voyage artistique, un zootrope géant (machine en forme de manège, basée sur l’illusion d’optique) occupe une salle entière. Une expo pour tous les publics, au croisement de l’art et du jeu. 

jeudi 20 février 2014

RICHARD DEACON ... Tate Britain ****~

cut21 Richard Deacon | Tate Britain Exhibition
Restless, 2005

Richard Deacon / Tate Britain, London / 5 February – 27 April 2014.
La Tate Britain présente une exposition majeure de Richard Deacon, sculpteur britannique de premier plan, mieux connu pour ses grandes formes ouvertes et lyriques.
Blind, Deaf And Dumb A 1985
Depuis plus de quatre décennies, Richard Deacon a employé des matériaux allant du bois et du polycarbonate feuilleté de cuir ou de tissu ou encore de l’argile, dont nombre d’exemples ponctuent l’exposition. Deacon fonctionne sur les deux échelles, combinant des formes organiques avec des éléments de l’ingénierie. Ses méthodes de construction, qui changent constamment, sont le résultat de l’évolution de son approche sculpturale, réfléchis par son utilisation de bois courbé sinueux, d’acier tordu et de céramique vitrifiée.
Out of order, 2003
1998 1 002 re scan 1024x810 Richard Deacon | Tate Britain ExhibitionCette exposition à la Tate Britain souligne l’intérêt de Deacon pour les matériaux et leur manipulation, comme dans After (1998), un grand travail en bois dont le volume constitue un espace en continu et en boucle. 
Sont également montrés les travaux à petite échelle, mais on notera en particulier les premiers dessins de Deacon, comme "Orphée", une suite de dessins construit à partir des courbes complexes qui ont beaucoup influencé les formes organiques de sa sculpture ultérieure, notamment la grande sculpture en céramique verte Fold (2012) .
This, That And The Other, 1985
Tout au long de sa carrière Deacon a mis l’accent sur la langue comme il le fait sur la matérialité. Cela reflète un intérêt profond qui découle de la lecture de textes poétiques, philosophiques et autres. Comme son travail infiniment varié qui est en constante évolution – notamment montré dans les Linbury Galeries de la Tate Britain avec quelque 34 exemples – Deacon ne peut pas être lui-même réduit à un seul style ou sujet. Seuls les principes de dessin et l’accent porté sur l’expérimentation sont constants, ce tout au long de sa carrière, alors que dans cette même période, il a également été salué comme un théoricien et un professeur distingué.
Known for such works as After 1998, Turner Prize winner, Richard Deacon, will present a major exhibition at the Tate Britain. Comprising of around 40 pieces, the exhibition is a chronological survey of one of Britain’s foremost sculptors of today. The exhibition is to feature a range of sculptures and drawings, ranging from the large to the very small, made from an assortment of organic and everyday materials.

Struck Dumb 1988,  Private collection © Richard Deacon
Deacon’s interest in using a variety of materials, including cardboard, ceramic as well as steel, wood and other everyday materials comes from pursuing ‘material diversity’, within his work. Constantly challenging himself to expand his vocabulary of how different materials interact with one another, for instance Restless 2005, which is a continuous ribbon of stainless steel-braced wood, frozen as if in an agitated state, providing a bewildering sense of structure and growth.

Additionally, the show will include a series of early seminal drawings that have had great bearing on the creation of several of his pieces collectively titled It’s Orpheus When There’s Singing 1978, developing many of the sculptures’ notions of language and communication as well as the ‘possibilities of organic and curved forms’.
ID 0711 1024x795 Richard Deacon | Tate Britain Exhibition
Lock 1990, Private collection © Richard Deacon
Deacon is known for open structures where form is described not by its shape but by its boundary or edge. The sculptures flow through themselves and emphasis is placed on the construction and manipulation of materials. Particularly, a collection of works from Deacon’s seres, Art for Other People, which started in 1982 and is comprised of sculptures made up of steel, foam, rubber, chrome, leather and marble.


PAUL KLEE MAKING VISIBLE ... Tate Modern ****~


Cet automne, à la Tate Modern, c'est la redécouverte du travail extraordinaire de Paul Klee, à travers un nouvel angle de vue. Peintures, dessins venant du monde entier sont exposées dans l'ordre qu'avait imaginé l'artiste en les créant.




Paul Klee Green X Above Left 1915 Zentrum Paul Klee, Private Collection
Green X Above Left 1915


Pourquoi faire grand quand tout peut s'exprimer sur une feuille modeste d'épistolier, par une construction de la couleur délicate comme un champ de fleurs («Green X Above Left», 1915, 16 × 18,8 cm)? 

Les orangés touchent les gris, répondent au mauve, rafraîchissent les ocres et ravivent les bleus ardoise. Une croix verte, hissée dans un carré blanc en haut à gauche, crée l'équilibre. En bas à droite, une toute petite signature Klee, puis l'année et le numéro, fines traces de plume. C'est toute la magie de Paul Klee que de créer la beauté par une abstraction si légère. 


Sa rétrospective splendide à la Tate Modern de Londres rappelle aux recordmen de l'art contemporain qu'en fait «size does not matter». La visite est un exercice miraculeux, rafraîchissant après les exploits XXL des différentes biennales. Il débarrasse l'esprit de tout superflu, invite à s'approcher de ces petits cadres aux merveilles, à comparer paisiblement ces 130 dessins, aquarelles et tableaux que Paul Klee a composés avec la grâce et la méthode d'une partition. Comme toujours à la Tate Modern, l'accrochage est simple, pour ne pas dire janséniste. L'art, rien que l'art. Voilà qui sied à Paul Klee qui crée presque tout à partir de presque rien (Familiar Space, 1915, petite aquarelle sur carton, belle comme un souffle).

Fire in the Evening, 1929 by Paul Klee

 Et si la rétrospective met l'accent sur les innovations incessantes de ce paisible et sur les dix ans où il travailla et enseigna au Bauhaus (Fire in the Evening, 1929, prêt du MoMA de New York), on en revient toujours aux prémices. Magiques.


Valérie Duponchelle (Le Figaro)








Ma sélection








Fishes in the deep, 1921
Magnifique mouvement que je préfère au Fish magic, 1925





Palace red violet yellow green diametrical gradation
Fantastique sensation de serénité








Architecture, 1923
Pour sa noirceur optimiste









Traps, 1927
Pour son rouge profond



 




Portrait of an equilibrist, 1927
Pour la force qu'il dégage malgré son minimalisme















In the current six thresholds, 1929
Pour la sensation combinée d'ordre et de fantaisie







Summer house, 1929
Parce qu'en hiver, on a besoin de croire au retour de la belle saison !










Dancer, 1932
Pour la légéreté qu'il dégage et son petit coté picassien ... Ou mirosque ? ;-)













P fourteen, 1931
Parce que l'Egypte me saute au yeux ... Et ça me plait ! Les pyramides, la végétation aride, les multiples teintes beige et grises, les minuscules personnages, le vent ...










Walpurgis Night, 1935
Attirant et effrayant en même temps, bleu tentateur




 










Forest witches, 1938
Mystérieuses couleurs ... et aussi parce que c'est l'un des seuls grand tableaux de l'expo !






















Park near Lu, 1938

J'aimerais m'y évader !








A Mastery Of Colour: Paul Klee At Tate Modern



Paul Klee, Fire at Full Moon, 1933. Museum Folkwang, Essen, Germany
There is plenty of art in Klee’s signature bold and colourful semi-abstract style. Recognisable objects like flowers, a hotel and the sun appear interspersed among blocks of bright colours. There are also his trademark darker works where the black backgrounds ensure that the bright foreground objects become more vivid.

Paul Klee, Redgreen and Violet-yellow Rhythms, 1920
Eyes stare out of some of his works forcing the viewer to be drawn in, whether they are disembodied and accusatory or upon fishes that look on helplessly and forlornly.

Paul Klee, Comedy, 1921
A Klee quote in the exhibition states “Art does not reproduce the visible; rather, it makes visible”. This is a great summary of Klee’s style, as he was able to create scenes that are rooted in the real world yet bear the hallmarks of a fervent imagination.

Paul Klee, Steps, 1929

What’s most impressive about Klee’s work is his versatility and how unfair it is to label him simply as a modernist. This exhibition shows us that he was equally adept at drawing caricatures, minimalism, primitivism and almost any technique he turned his hand to. A brightly coloured expressionist painting of a witch can be seen in one room while a pastel coloured pointillist portrait of a dancer may be seen in the next.

Paul Klee, Static-Dynamic Intensification, 1923

This large exhibition does a great job of showing us what a tour de force Klee was and highlights his immense talent and versatility which is only matched by Picasso.

vendredi 7 février 2014

CYRANO DE BERGERAC ... Maison des Arts de Créteil ****~

Torreton compose
un grand Cyrano




Par Jean-François Picaut

Les types humains, issus de la littérature, ne sont pas si nombreux. Cyrano de Bergerac en est assurément un. Le succès constant, depuis sa création il y a plus d’un siècle, du chef-d’œuvre d’Edmond Rostand vient en partie de là. Cela fait aussi qu’il est toujours risqué de s’attaquer à un tel monument.
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Philippe Torreton, dans « Cyrano de Bergerac » | © Brigitte Enguérand
Les choix de Dominique Pitoiset pour cette nouvelle version de Cyrano de Bergerac sont radicaux. Le premier est une unité totale de lieu : une grande salle carrelée de blanc au fond de laquelle s’ouvre une grande porte battante sera tout à la fois l’hôtel de Bourgogne, l’échoppe de Ragueneau, le jardin de la scène au balcon, le campement au siège d’Arras et le refuge final de Roxane. Le mobilier, rudimentaire et quasi réglementaire, nous fait comprendre que nous sommes dans la cantine ou le foyer d’un hôpital. L’apparition des personnages, une pauvre humanité mal vêtue de pyjamas ou de méchants survêtements, nous le confirme et nous laisse entendre qu’il s’agit d’un hôpital psychiatrique.
Le second est encore plus surprenant : nous sommes dans un hôpital psychiatrique parce que Cyrano est, en fait, un maniaco-dépressif toujours partagé entre une grande exaltation et une humeur atrabilaire, que Pitoiset rapproche de celle d’Alceste. À ces deux piliers, le metteur en scène en ajoute un troisième en faisant de son personnage central un parangon de l’esprit national français, dont l’exemple parfait serait un (« le ») comédien. Tel est le fil rouge de son adaptation. Ces présupposés acceptés, le Cyrano de Bergerac que nous donne à voir Pitoiset a de quoi intéresser les spectateurs. On regrettera seulement, çà et là, quelques vulgarités dont le texte de Rostand n’a pas besoin pour être comique.
Un surcroît d’humanité
Les grands moments de la pièce, les morceaux de bravoure ou d’émotion, sont tous là : la scène avec Montfleury, la tirade du nez, le duel et sa ballade, même s’il se transforme en empoignade de voyous, la première entrevue avec Roxane, la scène du balcon évidemment, la scène finale, etc. Mais, surtout, la façon dont Torreton interprète son personnage lui confère, pourrait-on dire, un surcroît d’humanité. Physiquement, Torreton n’est évidemment ni Depardieu ni Weber, il renonce donc à la flamboyance héroïque. Même s’il lui arrive de gonfler un peu son pourpoint, pardon, son marcel, on peut dire qu’il sousjoue, d’une certaine façon. Ce contraste entre le texte et le jeu ne le rend que plus attachant. Dans les moments de doute, dos voûté, lippe tombante, regard de chien battu qui finit par se rebiffer, Philippe Torreton est particulièrement émouvant. C’est peu de dire qu’il domine la distribution, et pas seulement par l’ampleur du texte qu’il doit assumer.
Excellent subterfuge
Le reste de la troupe peine à le suivre sur ces hauteurs, et les choix du metteur en scène ne constituent pas toujours un secours. De Guiche (Daniel Martin) est le plus souvent réduit à n’être qu’un pantin caricatural. Le Bret (Bruno Ouzeau) n’a d’existence que fantomatique. Ragueneau (Jean-Michel Balthazar) garde quelque épaisseur et parvient à faire exister ce pâtissier rimailleur et philosophe. Patrice Costa campe un Christian qui garde son intérêt. Le cas le plus curieux est celui de Roxane (Maud Wyler). La mise en scène en fait une infirmière ou une aide-soignante qui tient plus de la collégienne montée en graine ou de la péronnelle que de la précieuse décrite par Rostand. Il n’est pas surprenant dès lors que l’interprète peine à donner vie à son personnage.
Cependant, Maud Wyler se montre excellente dans deux passages. D’abord, la scène du balcon qui, par un excellent subterfuge, se transforme ici en dialogue par Internet, façon Skype®. Filmée en très gros plan et montrée sur un écran de belle taille, Maud Wyler donne à voir très concrètement, à toucher presque, l’émotion suscitée par les mots de Cyrano-Torreton. De la même façon, elle saura insuffler le pathétique nécessaire dans la dernière scène, lorsque le quiproquo se dévoile à elle.
Les partis pris de Pitoiset acceptés, le Cyrano de Bergerac qu’il nous donne à voir a de quoi séduire les spectateurs. On désapprouvera seulement quelques vulgarités dont la pièce n’a pas besoin pour être drôle. Cette nouvelle version, néanmoins, devrait surtout charmer le public grâce au texte de Rostand et à l’immense talent de son principal interprète. 
Jean-François Picaut