mardi 25 mars 2014

L'ART ET LA REVOLTE ... Espace 93 ****~

A l'initiative de Dominique Bluzet du Grand Théâtre de Provence, Abd al Malik rencontre Albert Camus.

Comme Albert Camus, Abd al Malik considère que « le déterminisme social » n'existe pas. Le lien d'Albert Camus à l'Algérie le renvoie, lui-même, à ses origines congolaises et aux quelques années qu'il a passées dans ce pays, marquées par la lumière africaine, le soleil blouissant, léa sensualité des êtres et des paysages. Sa fidélité à ses racines, qu'elles soient congolaises ou alsaciennes, le lien viscéral à sa mère et à sa famille, à son milieu et à ses amis d'enfance, tout le rapproche de Camus.

Tantôt rappeur, poète ou encore écrivain, quatre fois consacré aux Victoires de la musique, lauréat du Prix littéraire Edgar Faure, cet artiste élevé dans les quartiers difficiles de la banlieue strasbourgeoise échappe aux clichés habituels. Inspiré par les grands textes, il porte la parole de Sénèque, Spinoza, Verlaine ou encore Césaire, dans ses albums hybrides. Au carrefour du rap, de la poésie et du jazz, Abd al Malik, chanteur lettré, nous livre un opus inspiré des textes et des grands thèmes camusiens dans un spectacle qui va bien au-delà du concert.

« Qu'y a-t-il de commun entre Albert Camus et moi-même ? Il n'y a aucune prétention dans la question que je me pose, mais plutôt une aspiration. Car j'ai toujours vu en Camus un idéal dans la manière d'être artiste, un élan dans la façon d'habiter l'écriture. J'ai surtout vu en lui, comme en moi, ce farouche besoin de représenter “son peuple “, de représenter les siens et, par eux, de chercher inlassablement le moyen de se connecter à tous.

C'est en ce sens que ce qui m'intéresse dans ce projet n'est pas de « parler » de son oeuvre (ou de lui-même finalement), mais de questionner les origines philosophiques de celle-ci. Je dirais même de questionner l'origine philosophique, et j'oserais presque dire spirituelle, de celle-ci. Et, de mon point de vue, comme il le dit lui-même d'ailleurs, tout s'origine (et quelque part se termine) dans cet ouvrage de jeunesse intitulé L'envers et l'endroit.
La préface qu'il fait à la réédition de ce petit livre, vingt ans plus tard, a toujours été pour moi une sorte de feuille de route. Je dirais même une sorte de viatique dans ma quête, en tant qu'homme de mots, d'une certaine vérité artistique.

C'est pourquoi je me propose de reprendre les intitulés et la thématique de chacune des cinq nouvelles qui forment cet ouvrage et d'ajouter sept ou huit autres petites histoires (en liaison évidemment avec les thèmes abordés) et de faire avec
tout cela douze ou treize pièces musicales que je mettrai ensuite en scène dans une approche se situant entre la déclamation poétique et théâtrale et le tour de chant. »
Abd al Malik




J'aimerais ici entendre le souffle du soleil parler le langage de l'aube naissante,
La promesse de tous les lendemains qui chantent en chœur,
J'aimerais tant dire c'est bientôt fini à toi qui hurle à la lune ta souffrance,
La tendresse de tous ceux qui n'ont d'œil que celui du cœur.