dimanche 13 octobre 2013

CHANGER CONSTAMMENT ... Théâtre de Saint Maur ****~

Concaténant les fragments autobiographiques de l’œuvre de Michel Onfray, Dominique Paquet dessine le portrait d’un philosophe en acte, incarné par Thomas Cousseau et mis en scène par Patrick Simon :

"L’œuvre de Michel Onfray s’ancre profondément dans l’autobiographie. A la différence des philosophes qui séparent leur œuvre de leur vie, chaque ouvrage d’Onfray s’ouvre par un chapitre autobiographique qui fonde les analyses qui suivent et s’inscrit dans le mouvement d’une philosophie pratique, qui ne sépare ni la pensée de l’action, ni surtout de l’émotion.
Cette émotion justement, que certains contempteurs du corps ont voulu éradiquer de la philosophie, ce tremblement singulier de l’être humain, nous souhaitons dans ce spectacle les entendre et les faire voir, dans le mouvement spasmodique 
de leur existence.


En relisant l’œuvre de Michel Onfray, il nous a semblé que ces chapitres liés par fragments les uns aux autres, dépassaient le cadre des confessions et ouvraient au travers de la vie d’un homme, vers une expérience philosophique universelle.
Comment un enfant trahi et malheureux peut-il se reconstruire grâce à la philosophie? Comment découvrir le monde, le pouvoir, la méchanceté sans se laisser gagner par la mélancolie ? Au travers des fragments autobiographiques d’Onfray et des questions existentielles, politiques, psychologiques induites par les événements de l’enfance, de l’adolescence et de la maturité, va naître la matière jubilatoire d’une résilience. Mais aussi un art de vivre, une morale du plaisir où joie et jouissance exaltent la légèreté et invitent à danser.
A la drogue dure du désespoir, ce spectacle offre la drogue douce et joyeuse de la philosophie. Comme l’écrit Nietzsche, il faut savoir « changer constamment en lumière et en flamme tout ce que nous sommes ».

EXTRAIT :



CRITIQUES :

A la différence de la tradition philosophique française, qui, allergique aux dérives psychologisantes qui réduiraient l’œuvre à l’homme, sépare précautionneusement les deux, chaque ouvrage de Michel Onfray s’ouvre par un chapitre autobiographique qui fonde ses analyses. « Nietzsche est le premier à affirmer que toute philosophie est autobiographique, dit Dominique Paquet, et Michel Onfray reprend cette affirmation. J’ai sélectionné les fragments sur l’enfance (à dix ans, Onfray a été placé par sa mère dans un orphelinat), sur le travail en usine, sur son père, cet homme qui a travaillé très dur toute sa vie, sur son vieux maître, Lucien Jerphagnon, sur l’infarctus qu’Onfray a subi à vingt-sept ans, événement fondateur de son écriture. L’idée était de montrer comment un enfant qui vit des expériences douloureuses peut se reconstruire par la philosophie, selon une sorte de résilience. » Construit autour de cette sculpture de soi, « jamais morbide ou larmoyante, mais dressée comme une flamme », ce spectacle se veut « une invitation à la joie, une incitation à se tenir debout, à la verticale, comme un être humain. », selon les mots de Dominique Paquet.

***Catherine Robert - LA TERRASSE



























Le titre poétique, imagé, révèle une facette littéraire et personnelle du philosophe Michel Onfray. Interprétant des textes autobiographiques montés par Dominique Paquet, un comédien seul en scène incarne le philosophe. Thomas Cousseau, précis et fiévreux d’un bout à l’autre, raconte à la première personne l’itinéraire du penseur aux origines sociales modestes, de son enfance délaissée à ses débuts comme prof. Difficile d’imaginer un parcours empreint d’une telle misère humaine. Sa mère, femme de ménage elle-même abandonnée dans son enfance, le confie à l’internat - assez voisin d’un orphelinat - de Giel, qui sonne comme « un mélange de gel et de fiel », quatre années infernales à côtoyer la rudesse des adultes et la cruauté des enfants. Puis c’est le lycée, les petits boulots dans l’usine de fromage aux murs suants le lait caillé, et, son bac passé, la rencontre avec son maître Lucien Jerphagnon à la fac de Caen, qui l’a initié à la pensée antique, laissant à chacun de ses étudiants un souvenir impérissable. Enfin, à peine évoqués ses débuts comme prof, un infarctus le frappe à 28 ans qui marque une cassure, et le début d’un cycle d’écriture interrompu, comme un élan naturel, vital. Un illustre exemple de « résilience » : comment du malheur de l’enfance émerge une lutte pour l’amour et la philosophie, comment la flamme se nourrit-elle de la douleur ? La mise en scène de Patrick Simon, avec son module cubique suspendu au plafond, laisse au texte la place qui lui revient. Le comédien est sur le fil de la rage, de l’émotion, pour énoncer cette langue claire semée de verbes et d’adjectifs claquants. Sa performance est incarnée, emportée comme l’auteur dont il montre les blessures.
***Source

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